Une relation toxique est une relation qui fait du mal à un ou plusieurs partenaires. Elle peut être familiale, amicale, de couple, professionnelle, etc. La relation toxique est nocive, car elle émet des substances toxiques qui finissent par créer un environnement toxique pour la ou les personnes qui s’y laissent entraîner. C’est tout sauf sain. En d’autres termes, il s’agit d’une emprise psychologique, émotionnelle, physique sur l’autre au point de le manipuler, de le traiter comme une marionnette, de le dévaloriser voire de le détruire.

Plusieurs psychologues ont étudié le profil psychologique des personnes impliquées dans les relations toxiques, mais celui qui a retenu notre attention c’est Stephen Karpman avec sa théorie du triangle dramatique où l’on trouve : la victime, le bourreau et le sauveur.

1- La victime

C’est celle qui subit le pouvoir, la domination du bourreau. Elle se trouve dans le cercle vicieux de la toxicité, au cœur même du cyclone. Cependant, Stephen souligne que la victime a une attitude de victimisation, elle croit que tout est de sa faute, elle se sent responsable de ce qui lui arrive. Elle n’est pas complètement passive, mais elle a un comportement rétrograde, qui la maintient dans cet engrenage toxique. Voici quelques traits caractéristiques de la victime :

  • • Elle se sent impuissante (on parle bien ici de la victime qui peut être une femme ou un homme, l’adjectif qualificatif impuissant(e), est accordé à cause du nom commun « victime » qui est au féminin), coupable ou responsable de ce qui lui arrive
  • Elle a une faible estime d’elle-même et pense qu’elle ne mérite pas d’être aimée ou respectée
  • Elle a peur de l’abandon, du rejet ou de la solitude
  • Elle a du mal à exprimer ses besoins, ses opinions ou ses émotions
  • Elle se sacrifie pour faire plaisir au bourreau ou au sauveur
  • Elle souffre souvent de dépression, d’anxiété ou de stress post-traumatique
  • Si ces éléments vous concernent, alors vous êtes probablement une victime dans une relation toxique.

2- Le bourreau

C’est celui qui exerce sa domination, son pouvoir sur la victime. En général, le bourreau le fait pour protéger sa sécurité physique et psychologique. Ayant peur d’être attaqué, touché ou désavantagé, il va toujours attaquer le premier pour s’assurer de rester en tête de liste des personnes respectées, adulées, admirées. Le bourreau peut être une personne ou une situation. Voici quelques caractéristiques du bourreau :

• Il se sent supérieur, puissant ou invulnérable

• Il a une grande estime de lui-même et pense qu’il a toujours raison ou qu’il sait mieux que les autres

• Il n’a pas peur du conflit, de la sanction ou de la critique

• Il n’a pas d’empathie pour la victime et ne ressent ni regrets ni remords

• Il fait usage de manipulation, mensonge, menace pour dominer

• Il souffre très souvent de troubles de la personnalité tels que le narcissisme pathologique ou la psychopathie

3- Le sauveur

Il s’agit ici de cette personne qui essaie par tous les moyens de venir en aide. Il veut tellement paraître bon et être apprécié et aimé par les autres qu’il fera tout jusqu’à s’oublier, s’abandonner, se faire du mal lui-même, vider toute son énergie pour aider. Gwenael Thing-Lech dans psychologue.net dira : « c’est en aidant les autres qu’il pourra nourrir l’estime qu’il a de lui-même quitte à donner toute son énergie pour l’autre et ne rien garder pour lui ». Il le fera alors dans le but d’être accepté, d’être intégré dans le groupe amical, professionnel etc. C’est donc ainsi qu’il créera lui-même les conditions de la toxicité relationnelle dans laquelle il se retrouvera. Mention est à faire ici que ces trois rôles ne sont pas statiques, mais peuvent changer en fonction des situations. Quelques caractéristiques du sauveur :

• Il se sent généreux, altruiste ou héroïque

• Il a besoin d’être apprécié, reconnu ou valorisé par les autres

• Il craint le conflit, le désaccord ou le désamour

• Il ne respecte pas ses propres besoins, limites ou choix

• Il se mêle des affaires des autres sans leur consentement

• Il souffre souvent de troubles anxieux comme le perfectionnisme ou l’angoisse

Comment sortir de cet engrenage toxique ?

Un psychologue auteur du nom de Acey Choy a développé une théorie qui va dans le sens inverse de celle développée par Stephen Karpman. Il s’agit d’avoir une attitude contraire à celle décrite dans le triangle dramatique. Il parlera alors du triangle gagnant. Dans ce triangle, il y a trois rôles qui sont des anti-attitudes de celles développées par Karpman, à savoir, le rôle vulnérable, affirmatif et bienveillant. Pour que ces attitudes puissent être déclenchées, il faudrait d’abord que les différentes parties prennent conscience de leur posture psychologique.

1- Le rôle vulnérable

Ici la personne vulnérable c’est-à-dire la victime, dans une situation qui semble être insoutenable, qui semble être sans issue, ne s’apitoiera pas sur son sort, ne se lamentera pas. Au contraire, elle mettra en place des stratégies, des tactiques, qui lui permettront de surmonter le problème auquel elle fait face. Ici, la victime pourrait demander de l’aide, mais elle ne sera pas dépendante de cette aide-là. Elle aura une attitude guerrière, de battante, et elle osera affronter son problème en face.

2- Le rôle affirmatif

Ici, la personne peut se battre pour ses droits, s’affirmer en tant que personne, mais sans systématiquement blesser les autres. En réalité, on ne connaît pas toujours comment l’autre va réagir à notre comportement, qu’il soit bon ou mauvais, mais il est important de savoir qu’il faut toujours afficher la personne que l’on est. Cependant, il faut le faire avec une intention noble et non destructrice. Ne pas agir en fonction des réactions des autres, mais agir pour s’affirmer dans une attitude respectueuse. Il s’agit de l’anti-attitude du bourreau.

3- Le rôle de bienveillance

La personne ici apprendra à écouter les besoins de l’autre avant de l’aider. Elle ne se comportera pas en tant que sauveur, mais aura une attitude et une vision du soutien à l’autre comme une aide. Un coup de pouce pour faire avancer les choses. En outre, il est important de savoir choisir d’aider ou pas. En effet, on peut décider de ne pas aider parce qu’on n’est pas capable de porter la charge psychologique qu’entraîne le fait de le faire. Parce qu’on ne peut tout simplement pas et on ne se sentira pas coupable. Trop de gentillesse tue la personnalité.